Le syndrome de Pinocchio
André Pratte
éd. Boréal, Montréal,
164 pages, 1997, 19.95$

L'idée même du syndrome de Pinocchio a été lancée à l'Assemblée Nationale, par un député qui tentait d'exprimer sa pensée tout en contournant un tabou absolu dans la langue de bois des élus où le mot menteur, ses synonymes et dérivés sont interdits d'usage. André Pratte, journaliste attaché à l'actualité politique pour La Presse, donne un grand coup à la crédibilité des politiciens, en décrivant dans son essai la manière dont les élus maquillent, transforment, métamorphosent, camouflent la vérité. Mais de cela tout le monde en avait une vague certitude. Si la démonstration de l'auteur s'attarde plus volontiers à montrer les travers des gens de pouvoir, elle n'est pourtant pas moins éloquente sur le rôle de sténographe des journalistes et de leur complaisance à l'égard des demi-vérités des politiciens.

La démocratie est un grand miroir aux alouettes. Les élus mentent pour plaire au peuple dans le but avoué de se maintenir au pouvoir. Les journalistes répètent laconiquement leurs propos afin de ne pas s'aliéner leurs sources d'information, les politiciens eux-mêmes. Et le bon citoyen tolérant mal la vérité pure et dure se complait dans les promesses improbables. L'essai préconise vigoureusement la vertu, la transparence politique et sollicite courageusement l'éthique professionnelle des journalistes. Ce ne sont là que des voeux pieux puisque les électeurs appuieront toujours le candidat qui sait le mieux dire ce qu'ils préfèrent entendre.

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