Pavillon des miroirs
Sergio Kokis
éd. XZY, Montréal,
1994, 367 pages,
24.95$ grand format,
14.95$ poche

C'est en traçant un oeil au pinceau qu'apparaît le regard immensément brun et naïf d'un enfant. L'univers du narrateur a basculé dans le Brésil de son enfance, intact, coloré, bruyant où les odeurs capiteuses de femmes se mêlent à celles sucrées des jeunes filles. C'est en précisant le détail d'une joue osseuse sur sa toile que reviennent les images de bidonvilles avec ses immondices et ses enfants sales. Le narrateur oscille entre le temps présent, celui du peintre, des galeries d'art et des gens bien, et le passé, celui de la peinture où est tapi l'enfant. Sous l'effet des projecteurs de la mémoire, le passé s'actualise, montrant ainsi l'énorme distanciation qui s'est opérée entre le jeune Brésilien et l'immigrant échoué par hasard à Montréal. C'est justement cette capacité d'adaptation, ce renoncement profond à l'identité première qui trouble dans ce livre et qui fait croire que nous sommes tous un peu immigrants. Un livre qu'on aurait tort de ne pas lire!

Roman, littérature