Instruments des ténèbres
Nancy Huston
éd. Leméac,
Montréal, 1996,
409 pages,
31.95$

Dans son dernier roman, Instruments des ténèbres, Nancy Huston jette un pont, non pas entre la réalité et les désirs, mais plutôt entre la vie créatrice et le passé. La structure narrative juxtapose en alternance deux récits distincts qui s'enchevêtrent à mesure que les résonances se multiplient de l'un à l'autre et se font écho comme les partitions des instruments de musique d'une même sonate. Le premier récit est le journal intime de la narratrice, une écrivaine d'âge mur, tyrannisée par son indiscret daimôn. Parallèlement à ses carnets, la narratrice réaménage la triste histoire d'une petite servante française mise à mort en 1712 pour avoir masqué une grossesse inavouable et la disparition inexpliquée de son bébé. Cette écriture, si elle était musique, serait baroque, si elle était étoffe, serait brocart: brillante, fine, irrégulière, compliquée.

Roman, littérature