En hiver, on voit mieux les eaux charmantes de la Futaie et le romanesque château de Mausson dont une grande partie
date du XVe siècle. Le nom de cette demeure située en Landivy est significatif d'un
destin funeste que chuchotent les habitants
du pays :
Mausson, mauvais sens, mauvais dessein et de là mauvais sort.
Ce château fut tantôt rival, tantôt ami de celui « du Pontmain» , beaucoup plus ancien mais aujourd'hui complètement détruit.
Un
simple regard sur un tel édifice permet
d'imaginer le long passé qui veille ou sommeille ici : luttes féodales, droits particuliers
aux limites de la France et de la Bretagne,
chouannerie...
Les bois de Mausson ne font qu'un
avec le parc des Oblats dont l'imposante
maison paraît à l'entrée du bourg. Dès lors,
on est projeté dans le temps qui a suivi
l'événement de 1871. En effet, les Pères
Oblats sont venus à Pontmain, tout comme
les Soeurs d'Evron qui résident presque en
face, pour organiser et servir le pèlerinage.
Actuellement la propriété des Pères
accueille les Missionnaires Oblats retirés ;
c'est aussi une Maison Familiale de
Vacances, « le Bocage », et un centre spirituel de retraites, de récollections, de conférences,
le « Centre Jean-XXlll ».
Dans les
locaux, deux parties méritent une visite
d'abord la chapelle dont la forme et les
vitraux sont admirables, d'autre part le
musée missionnaire qui, au pittoresque,
joint l'intérêt historique. On y découvre
jusqu'où les missionnaires furent des aventuriers de Dieu.
II faut en outre se souvenir
que l'un des quatre voyants reconnus par
l'Eglise, Joseph Barbedette devint Oblat de
Marie et qu'Auguste Avice dont la famille
interdit le témoignage mais qui vit la « belle
Dame », porta la Bonne Nouvelle en Chine
comme frère coadjuteur de la Compagnie
de Jésus.
Rien d'étonnant alors si le nom et
l'événement de Pontmain sont connus aux
extrémités de la planète, de l'Asie au
Canada ou à l'Afrique.
La basilique côtoie la maison des
Pères , de basse terre marécageuse, elle
pointe vers le ciel, visible de loin quand on
arrive par les autres routes, immense près
de l'humble bourg, écrasante ou protectrice
selon les regards. II faut attendre pour y
pénétrer, il faut d'abord la considérer de
face et de côté, se préparer l'âme.
Du sud, la route de Chiloup descend,
offre une vue plongeante et large sur
l'ensemble de Pontmain. Depuis le bois de
Fontaine-Couverte, le sol ondoie, la campagne rit même si, comme partout en ce
pays, les brumes s'accrochent souvent aux
arbres. De là, on s'aperçoit que les deux
autres accès à l'est et à l'ouest sont fort différents.
L'ouest révèle le caractère industrieux
et dynamique des « Ménipontins », non
seulement dans le travail de la terre, du
granit ou du bois mais encore dans des
entreprises récentes et variées allant de
l'agro-alimentaire à la transformation de
l'énergie ou à l'informatique. Les verrières
de la laiterie et les tours de séchage préludent aux flèches et aux vitraux de la basilique. C'est pour le pèlerin une invitation à considérer en chemin le « fruit du travail des hommes», qui est offert à Dieu pour
être consacré.
De Saint-Mars, à l'est, la route plonge
en lacets jusqu'à la Futaie qui sert de limite entre les communes et dont les eaux
font tourner la roue d'un moulin. Dès le
pont, surgissent de grands bâtiments : le
Foyer de l'Espérance avec son atelier protégé puis la Maison de Retraite tenue par
les Soeurs de Rillé.
Cette congrégation est
ancrée à Fougères, en Bretagne, à seize
kilomètres.
Les Soeurs, appelées initialement Adoratrices de la Justice de Dieu,
étaient déjà à Pontmain en 1871.
En effet,
l'Abbé Michel Guérin leur avait demandé
de venir dans la paroisse pour s'occuper
de l'école.
Les voyants étaient de leurs
élèves.
L'école de ce temps est devenue
l'actuel bureau de poste qui se trouve
dans cette même rue.
Un peu plus loin, de l'autre côté, on arrive à la grange, de là, le regard se pose facilement sur les flèches de la basilique par dessus la maison Guidecoq, maintenant Abri Notre-Dame, et sur l'église paroissiale.
Les quatre petites routes se croisent ici.
D'où qu'il vienne, tout visiteur est conduit à
cet endroit.
Un jour de grand pèlerinage,
peut-être sera-t-il d'abord emporté vers
l'esplanade et vers la basilique. Hors ces
jours qui sont de grâce, il pourra suivre un
autre itinéraire, qui sera de grâce aussi.
Il
ira, par exemple, de l'église paroissiale aux
réalisations du sanctuaire les plus récentes.
le 16 septembre 2016