PONTMAIN

BREF APERÇU HISTORIQUE.

Le 19 juillet 1870, l'empereur de France, Napoléon III, avait déclaré la guerre à l'Allemagne.
La France n'était pas préparée à cette guerre. Les défaites françaises se succédèrent avec une rapidité vertigineuse.

Le 2 septembre, Napoléon III est fait prisonnier avec 300 000 soldats; une grande partie de la France est occupée et il ne reste aucun espoir d'arrêter l'invasion.


Au milieu d'un tel péril national, la France se met en prière.

Le 17 janvier 1871, la Sainte Mère de Dieu apparaît dans une petite bourgade de la Mayenne, Pontmain, aux confins de la Normandie et de la Bretagne, à plusieurs jeunes enfants, surtout à quatre dont le témoignage sera retenu au procès canonique et qu'on appelle communément les voyants de Pontmain. Contre toute prévision humaine, l'empereur Guillaume d'Allemagne signe l'armistice le 28 janvier, entraînant sans doute la perte de l'Alsace-Lorraine pour la France, mais apportant la paix.

Pourquoi la Sainte-Vierge choisit-elle pour se manifester cet obscur bourg d'environ 200 habitants?
Là se trouvait un saint prêtre, comme un second Louis de Montfort ou un second Curé d'Ars, l'abbé Michel Guérin.
Aussitôt après son ordination, il avait été nommé vicaire à Saint Ellier, chargé de desservir le hameau de Pontmain.
Quand Pontmain fut érigé en paroisse, en 1840, il en devint le premier curé et il le demeura jusqu'à sa mort en 1872. L'abbé Guérin avait une extraordinaire dévotion à Marie et à la Passion de Jésus. En arrivant à Pontmain, il plaça une statue de la Sainte Vierge au-dessus de la porte d'entrée de son presbytère et une autre dans le clocher même de son église. Il entreprit la restauration du temple sacré. Il voulut que la voûte soit peinte en bleu avec un semis d'étoiles et il installa une grande statue de l'Immaculée Conception au-dessus du maître-autel. Il établit les confréries du Coeur de Marie et de Notre-Dame du Mont-Carmel. Chaque dimanche après les vêpres, monsieur le Curé allumait lui-même quatre bougies devant la statue de Marie, on y récitait le chapelet et on chantait des cantiques. La dévotion de Monsieur Guérin à la Passion de Jésus était si grande qu'il avait mis le Saint Crucifix dans tous les foyers de sa paroisse, fait ériger plusieurs croix de chemin et confié son école aux Religieuses Adoratrices de la Justice divine de Rillé-Fougères.

En se manifestant, Marie a voulu montrer à la face du monde combien le culte que les paroissiens de Pontmain lui rendait ainsi qu'à la Passion de son Fils lui était agréable, et dire à tous les prêtres du monde comme il est facile de faire une paroisse chrétienne, en comptant non sur l'humain mais sur les moyens surnaturels:

la prière, la dévotion à la Sainte Vierge, l'intronisation du Saint Crucifix et l'enseignement du Catéchisme.

Pas loin de l'église, une demeure d'assez belle apparence et un grange couverte de chaume attenante à la maison; c'est là qu' habite la famille Barbedette: le père, César, la mère, Victorine, épouse en deuxième noce de César. De son premier mariage, Victorine a un fils, Augustin Friteau, actuellement à l'armée; et de son second mariage, deux autres fils, Eugène, né le 4 novembre 1858, et Joseph, né le 26 novembre 1860. Le foyer est très chrétien, austère et discipliné.

Ce jour-là, le 17 janvier 1871, après la classe, Eugène et Joseph courent à la grange aider leur père à piler des ajoncs, ces petits arbrisseaux très communs en Bretagne et en Normandie qu'on utilise comme fourrage vert après broyage. Il est environ 16 heures. Au même moment, une voisine, Jeanne Detais, qui a de bonnes nouvelles des jeunes soldats de Pontmain, entre aussi à la grange des Barbedette. On suspend le travail pour l'écouter. Par la porte demeurée entrouverte, Eugène regarde la neige et le verglas qui couvrent la terre. En même temps, il remarque un nombre incalculable d'étoiles au firmament, alors qu'il n'est encore que 5 heures de l'après-midi. Et soudain, à sept ou huit mètres au-dessus de la maison d'Augustin Guidecoq, le voisin, il aperçoit une Dame d'une beauté ravissante qui le regarde en souriant. Elle était vêtue d'une robe ample bleu foncé qui descendait toute droite, sans ceinture, depuis le cou jusqu'aux pieds, et qui était parsemée d'étoiles d'or à cinq pointes. L'enfant ému et ravi contemplait ce spectacle depuis dix minutes, lorsque Jeanne Détais sortit de la grange pour retourner chez elle. L'enfant lui dit: "Regardez donc au-dessus de la maison d'Augustin Guidecoq si vous ne voyez rien," - "Mais non, pauvre Eugène, je ne vois rien." Le père Barbedette et Joseph, entendant ces paroles, sortirent aussitôt. Le père ne voit rien. -« Et toi, Joseph, dit Eugène, vois-tu quelque chose? »

"Oui, je vois une belle grande Dame", et il la décrit comme plus haut.

Le père ne voyant rien, ramena ses deux petits garçons au travail, tout en leur disant: "Allez chercher votre mère qui est en train de préparer le souper." La mère vient, et ne voyant rien, elle dit à ses enfants: "C'est peut-être la Sainte Vierge qui vous apparaît. Puisque vous dites que vous voyez, disons 5 Pater et 5 Ave." Est-ce que vous voyez encore? - " Oui, oui, maman", répondirent ensemble Eugène et Joseph. La mère va chercher ses lunettes et amène avec elle Louise Lemonnier , âgée d'environ 18 ans, sa servante, mais ni l'une ni l'autre ne voient rien. "Vite, allons souper", dit le père. Pourrons-nous retourner à la grange quand nous aurons soupé?" dit Joseph à sa mère. - "Oui? Alors soupons vite, dit Eugène, pour aller voir la belle Dame." Le repas fut court. À peine sortis de la maison, les deux enfants s'agenouillent dans la grange et contemplent la belle Dame en récitant des Ave. On court au couvent chercher soeur Vitaline,(enseignante à l'école de Pontmain). Elle vient et ne voit rien. Mais, rentrée au couvent, une idée lui passe par la tête, celle de retourner à la grange en se faisant accompagner de trois jeunes pensionnaires: Françoise Richer, 11 ans, Jeanne-Marie Lebossé, 9 ans, et Augustine Mouton. - "Oh! la belle Dame! la belle Dame, avec une robe bleue et des étoiles d'or, s'écrient les deux premières." (Augustine Mouton, elle ne voit rien.)

Puisqu'il n'y a que les enfants à voir, dit soeur Marie-Edouard (enseignante à l'école de Pontmain) qui avait rejoint sa compagne soeur Vitaline, allons en chercher d'autres. Mais, allons d'abord au presbytère prévenir monsieur le Curé de ce qui se passe. Le bon vieillard tout ému sortit immédiatement avec Jeannette Pothier, sa vieille domestique. En se rendant au presbytère soeur Marie-Edouard avait invité Madame Friteau à amener à la grange Barbedette son petit-fils, Eugène, âgé de 6½ ans. Il vit la Vierge et la décrivit de la même manière que l'avaient fait les autres. Les Soeurs avaient donné l'alerte, invitant les gens à amener leurs enfants. Lorsque le Curé arriva à la grange, 60 personnes environ s'y trouvaient rassemblées. Au même moment, les 4 principaux voyants, Joseph et Eugène Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé, s'écrient ensemble: "Oh! quelque chose arrive !" Une petite croix rouge apparaît sur le coeur de Notre-Dame! Elle ne sourit plus et paraît très triste!" Le Curé, parfaitement convaincu que les enfants voient vraiment la Sainte Vierge, ne cesse de faire réciter le chapelet et les litanies, et de faire chanter des cantiques avec l' assistance. Le froid étant rigoureux, les gens rentrent dans la grange. Seuls les voyants restent dehors dans la neige, sans se sentir incommodés par ce froid.

Sous la direction du Curé, les prières et les chants continuent. Soudain, sur une grande banderolle blanche, longue comme la maison Guidecoq et large d'un mètre, des lettres majuscules forment graduellement le texte suivant:

En même temps, les enfants voyaient la Vierge devenir extrêmement triste et ils comprenaient que sa tristesse, qu'ils disaient incapables de décrire, lui venait des péchés qui ont fait mourir son Fils sur la croix. "Voilà encore quelque chose qui arrive, crièrent les enfants: une croix d'un rouge très vif, haute de 60 centimètres, avec un christ tout couvert de sang. Et au sommet de la croix, une deuxième traverse blanche sur laquelle est écrit en lettres rouges: " JESUS-CHRIST," De ses deux mains, la Vierge tenait la croix un peu inclinée vers les voyants; elle ne regardait plus l'assistance, mais elle abaissait ses yeux pour les fixer, pleins de douleur, sur le Christ ensanglanté qu'elle présentait. En même temps, une étoile se mit en mouvement et alluma quatre bougies autour de la Vierge, qui restèrent allumées jusqu'à la fin de l'apparition. Le chant de " l'Ave Maris Stella " terminé, le crucifix rouge disparut, la Sainte Vierge abaissa les mains tendues vers les assistants, une petite croix blanche parut comme plantée sur chacune de ses épaules. La Vierge sourit de nouveau d'un sourire empreint de gravité. "Voyez-vous encore?" dit Monsieur le Curé aux enfants. Tous ensemble répondirent: "Non, Monsieur le Curé, tout a disparu; c'est tout fini." Il était 21 heures; on avait récité et chanté toutes les prières et les cantiques connus par coeur. L'Apparition avait duré près de trois heures.

Le saint Curé rentra au presbytère tout ému et bien convaincu de l'authenticité de l'Apparition. La nouvelle de l'évènement de Pontmain se répandit très vite dans toute la contrée et dans toute la France. Mgr Wicart, évêque de Laval publia sa lettre reconnaissant officiellement l'authenticité de l'apparition de la Sainte Mère de Dieu. Il autorisa son culte dans le diocèse sous la vocable de "Notre-Dame de l'espérance de Pontmain , et manifesta son intention d'y faire bâtir un sanctuaire que, déjà, l'affluence des pélerins rendait nécessaire.

Ce sanctuaire fut béni solennellement le 27 juin 1877.

Que sont devenus les quatres principaux voyants?

Eugène devint prêtre et exerça son ministère dans son diocèse, Laval. Il mourut, curé de Chatillon-sur Colmont, le 2 mai 1927, après une vie exemplaire, il est inhumé dans le village où il vécut pendant 17 ans.

Joseph devint prêtre Oblat de Marie Immaculée. Il écrivit un volume racontant l'histoire des Apparitions et fit connaître Pontmain dans toute la France et dans le monde. Il mourut à Pontmain, le 3 novembre 1930, dans sa Communauté à laquelle avait été confiée la desserte du Pélerinage.

Françoise Richer fut d'abord institutrice et devint ménagère du curé Eugène. Elle mourut le 28 mars 1915. Elle est au cimetière au côté d'Eugène son compagnon des apparitions 1871.

Jeanne-Marie Lebossé devint religieuse dans la Congrégation des Soeurs de la Sainte-Famille de Bordeaux. Elle occupait le poste de sacristine à la maison mère pendant 20 ans. Elle mourut le 12 décembre 1933.

Quant au curé Guérin, il quitta cette terre peu de temps après l'Apparition, le 29 mai 1872, et repose au cimetière de Pontmain.





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Le 16 septembre 2016