LA VIERGE DE LA REVELATION
A "TROIS FONTAINES" A ROME
C'était en 1947, le 12 avril, un samedi. Le soleil de l'après-midi
fait des ricochets à travers le feuillage des eucalyptus sur cette
place ombreuse qui sert de parvis à l'abbaye des Trappistes, au lieu-dit
des "Trois Fontaines", à Rome. La nature tressaille en éclats
de bourgeons après cet- te période hivernale. C'est la veille
de Quasimodo. Le paysage avoisinant se présente en une pittoresque
et harmonieuse fusion d'aspects divers: vastes étendues
réservées aux troupeaux, champs exposés au soleil, zones
couvertes de maquis impénétrables, d'où émergent
çà et là des terrains découverts et rocheux.
Arrivé avec ses trois enfants, Bruno Cornacchiola s'assied sur un
bout de mur à l'orée du petit bois. Il pense: "C'est justement
un endroit qui me va! " Le but initialement choisi pour sa promenade était,
en réalité, la plage d'Ostie, mais au moment où il
atteignait la station avec les enfants, le train était déjà
parti. Alors, n'ayant aucune envie de rester là plus d'une heure à
attendre le prochain train, il s'était dirigé vers ces parages.
Au bout d'un moment, il appelle les enfants qui s'étaient
éloignés : "Gianfranco, Carlo, Isola, vous pouvez jouer à
la balle, mais ne vous éloignez pas trop. Moi, je reste ici pour
réfléchir et écrire sur le sujet que je me suis donné.
"
Et voilà les enfants partis avec des cris de joie, se faufilant entre
les arbres qui les cachent par instants. Le sujet que l'homme, devenu protestant,
est sur le point de développer, est un article dirigé contre
la Vierge Marie. L'article doit être violent et arrogant, tout en restant
convaincant pour le public. Il avait emmené un porte-documents et
une Bible. La feuille se couvre tout de suite des premiers jets de venin
où grouillent surtout des négations, entre autres celles des
privilèges que Dieu a voulu accorder à sa Mère.
"Elle n'est pas vierge, elle n'est pas immaculée, elle n'est pas
montée au ciel..."
Dans l'intervalle, des voix l'interpellent. Celle des enfants qui crient:
"Papa, nous avons perdu la balle, aide-nous à la chercher! "
Il se lève, et comme il a rencontré Carlo, l'aîné,
il se joint à lui pour explorer le terrain. Isola s'écarte
et cueille des fleurs. Gianfranco va s'asseoir à une certaine distance
pour lire une brochure.
"Carlo et moi -ainsi commence le récit de Bruno Cornacchiola - nous
descendîmes le terrain escarpé qui aboutissait à la via
Laurentina, espérant y trouver la balle, mais nous ne la vîmes
pas. Voulant m'assurer que le cadet ne s'était pas éloigné
de l'endroit que je lui avais indiqué, je l'appelai et il me
répondit. Mais à un moment donné, je ne l'entendis plus
et j'eus beau élever la voix, je n'obtins aucune réponse. Pris
de soucis, je remontai la pente vers les buissons proches de la grotte où
j'avais laissé Gianfranco, mais je ne le vis pas. Aussi, criai-je
encore plus fort: Gianfranco, où est-tu ? En vain. Avec une
préoccupation croissante, je fouillai fébrilement les buissons
et les roches et je finis par trouver l'enfant agenouillé à
l'entrée d'une grotte, sur la gauche pour qui la regarde. Il avait
les mains jointes comme s'il priait, et il regardait vers l'intérieur
avec une vive attention, souriant et balbutiant quelque chose. Je m'approchai
encore un peu et je l'entendis distinctement:
- Belle Dame!... Belle Dame!...
- Qu'est-ce que tu dis, Gianfranco ? lui demandai-je.
- Que fais-tu ? ...
Je croyais qu'il s'agissait d'un jeu d'enfants, puisque personne chez nous
ne lui avait enseigné, à lui qui n'était pas baptisé,
cette attitude de prière. Alors j'appelai: "Isola, descends, explique-moi
quelque chose! " Elle m'obéit et...
- Qu'y a-t-il là-dedans ? demandai-je. Et toi, tu ne vois rien ?
- Non papa, répondit-elle, et en même temps, elle aussi tomba
à genoux à la droite de son petit frère. Les fleurs
lui tombèrent des mains, alors que son regard se fixait sur
l'intérieur de la grotte. Elle aussi balbutiait à mi-voix:
- Belle Dame!... Belle Dame!...
Moi, au comble de l'énervement, continue Bruno Cornacchiola, je me
demandais quel pouvait être le motif de cette étrange conduite
de mes enfants qui, à genoux, regardaient avec enchantement vers
l'intérieur de la caverne, en répétant les mêmes
mots.
J'eus l'idée d'appeler Carlo, toujours en train de chercher la balle
et...
- Toi aussi, viens ici et explique-moi ce que font tes frère et soeur
dans cette étrange position...
C'est peut-être vous qui avez préparé ce jeu ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes, me fit-il observer, de quel jeu parles-tu
? ...Je ne le connais pas, et je ne sais pas y jouer !
Ces mots à peine dits, Carlo tomba à genoux à son tour,
à la droite d'Isola, les mains jointes et les yeux fixés vers
un point qui le fascinait à l'intérieur de la grotte, en
répétant les mêmes mots: "Belle Dame! "
- C'en est trop!, m'écriai-je, toi aussi tu te moques de moi!
Je n'en pouvais plus et je lui commandai:
- Carlo, sors de là!
Et, comme il ne bougeait pas, je cherchai à le soulever, mais je n'y
parvint pas. On aurait dit du plomb. Alors, je pris peur. En tremblant, je
m'approchai de la petite:
- Isola, l'invitai-je, lève-toi, ne fais pas comme Carlo!
Elle ne répondit pas. J'essayai de la déplacer mais je n'y
arrivai pas. Ce que je vis me remplit de terreur: cette dilatation des pupilles
de mes enfants en extase et la pâleur de leurs visages. Alors j'embrassai
le cadet et lui dis:
- Allons! lève-toi! Est-ce possible que mes bras soient sans forces
? Et à ce moment, je m'exclamai:
- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? y aurait-il dans cette grotte des
sorcières ou quelque diable ?
Puis, instinctivement, je criai:
- Qui que tu sois, même un curé, sors d'ici ! Et je
pénétrai dans l'antre, bien décidé à cogner
sur l'étrange personnage, mais la grotte était vide. Or,
c'était, écrit le P. Milana, l'heure de la revanche maternelle
de Marie, prise de compassion à l'égard de ce fils si
dévoyé.
A peu de distance de cet endroit, au pied de la colline s'élève
la basilique Saint-Paul. C'est en ce lieu que Paul, le persécuteur
des chrétiens sous le nom de Saul, devenu l'apôtre des nations
après l'apparition du Christ, fut martyrisé sous Néron.
Sa tête tranchée par l'épée et tombée à
terre, fit trois rebonds et fit sourdre miraculeusement trois sources d'eau.
Voilà pourquoi le lieu-dit fut appelé "Trois sources ou Trois
Fontaines". Bruno Cornacchiola, un autre persécuteur de l'Église,
arrivé dans le voisinage de l'endroit où l'apôtre avait
été martyrisé, allait être appelé à
devenir un défenseur de l'Évangile, par Marie, la Mère
qu'il s'apprêtait à insulter, le jour consacré à
Elle, le samedi de l'octave de Pâques. Encore un dessein mystérieux
de l'Amour divin! Un jour viendra, et on peut même dire qu'il est venu,
où une foule de croyants accourra ici de partout, présentant,
par l'ardeur des supplications et la solennité des cantiques, l'image
fidèle d'une communauté en route vers le Père. Agité
comme jamais, Bruno Cornacchiola entre dans la grotte, située au niveau
du sol, pour découvrir qui pouvait bien exercer cette mystérieuse
attraction sur ses enfants. Et à sa grande surprise pourtant, il ne
trouve que la roche nue et blanchâtre. Il sort, en proie au
désespoir, et sanglotant, il lève les bras et les yeux vers
le ciel et crie :
" Mon Dieu, sois notre Sauveur! "
Plus tard, il précise: "Et voici que je vis inopinément deux
mains toutes blanches en mouvement vers moi et les sentis m'effleurer le
visage. J'eus la sensation qu'on m'arrachait quelque chose des yeux.
J'éprouvai en cet instant une douleur certaine et je restais dans
l'obscurité la plus profonde..."
Mais, peu à peu, le noir s'atténua et laissa filtrer une
légère lumière qui grandit et s'intensifia au point
d'illuminer toute la grotte. Et Bruno Cornacchiola continue:
"A ce moment-là, je ne voyais plus ni la cavité, ni ce qu'elle
pouvait contenir, mais je fus saisi d'une joie extraordinaire."
En cet instant de mystérieux désarroi qui le soulève
de terre vers les merveilleux parvis de l'éternité, en son
point le plus lumineux, il est ravi par la vision d'un visage juvénile
de femme, enveloppé dans la splendeur d'une lumière dorée,
régulière et doucement statique.
Bruno la fixe avec une soudaine passion, vaincu par la fascination d'une
telle beauté, attiré par cette lumière qui, malgré
toute l'intensité qu'elle irradie, ne lui fait pas mal aux yeux, mais
l'inonde d'une douceur surhumaine. Encore inconscient de tout ce qui se passe,
il ignore que ses pupilles de pauvre mortel sont sur le point de voir la
Reine du Ciel qui l'avait choisi, précisément lui, pour transmettre
aux hommes un message de prière et de pénitence.
Elle est vêtue d'une tunique incomparablement blanche et lumineuse,
serrée aux hanches par une ceinture d'étoffe rose dont les
deux extrémités descendent à la hauteur des genoux.
Elle a des cheveux noirs et ressortant un peu du voile vert-des-prés
qui la recouvre des épaules jusqu'aux pieds, avec la noblesse d'un
manteau royal. Au bas de la robe apparaissent les pieds, nus et virginaux,
posés sur un bloc de tuf également environné de
lumière. Dans sa main droite elle tient contre sa poitrine un livre
de couleur grise sur lequel elle pose l'autre main.
La vision a déjà créé un enivrant état
d'extase dans l'esprit étonné de Bruno, mais c'est surtout
le visage admirable de cette créature qui fascine les yeux et le coeur.
C'est, pourrait-on dire, un visage sur lequel brille en une merveilleuse
harmonie la fusion de toutes les beautés de la vie humaine: l'innocente
candeur de l'enfance, le charme et la grâce de la virginité,
la gravité majestueuse de la sublime maternité. Et c'est bien
ce qu'en dira plus tard Bruno Cornacchiola:
"Celui qui a éprouvé cette exceptionnelle joie de contempler
une si céleste beauté ne peut plus qu'aspirer à la mort
pour pouvoir jouir à jamais d'un si grand bonheur ..."
Ce visage, même sous ses traits humains, semble consister en une
lumière rayonnante de sagesse infinie et de vertu sans limites. Et
dans sa description, le voyant continue: "Je vis que la belle Dame bougeait
lentement la main gauche pour montrer quelque chose qui se trouvait à
ses pieds. Je regardai et vis, à terre, un drap noir avec une croix
brisée."
Bruno Cornacchiola pensa plus tard que ce drap noir, semblable à un
vêtement déchiré, et la croix brisée, constituaient
un symbole de l'habit religieux souvent abandonné avec tout autre
signe distinctif par de nombreux prêtres et religieux.
"Ma première impulsion, observa-t-il encore, fut de lancer un cri,
mais ma voix s'éteignit dans ma gorge."
Et voici que l'apparition, faisant le geste d'offrir le livre qu'elle tenait
en main, dit d'un ton ineffablement doux:
"Je suis Celle qui est dans la divine Trinité. Je suis la VIERGE DE
LA RÉVÉLATION. Tu me persécutes; arrête maintenant!
Entre dans le troupeau élu, cour céleste sur la Terre. La promesse
de Dieu est, et reste immuable: les neuf vendredis du Sacré-Coeur
que tu as observés pour faire plaisir à ta fidèle
épouse avant de suivre le chemin de l'erreur t'ont sauvé!"
A ces mots, Bruno en a le souffle coupé et, après l'effarouchement
du début, il est inondé d'une félicité qui n'est
pas d'ici-bas. Entre temps, l'espace ambiant s'inonde d'un parfum
mystérieux et indéfinissable qui annihile les odeurs
nauséabondes provenant du sol.
Après s'être ainsi présentée, la céleste
Dame tient un discours prolongé à ce fils qui va retourner
à Dieu, discours dont une partie s'adresse à lui-même
et à tous les fidèles tandis que l'autre comporte un secret
pour le Saint-Père. Puis elle continue:
"Je désire te donner une preuve certaine de la divine réalité
de notre rencontre, afin que tu puisses en exclure toute autre motivation,
y compris une possible astuce de l'ennemi infernal. Et ce signe, le voici:
quand tu rencontreras un prêtre dans l'église ou en chemin,
approche-toi de lui et adresse-lui cette parole: "Mon Père, j'ai à
vous parler!" S'il te répond: 'Ave Maria, que veux-tu, mon fils?",
prie-le de t'écouter, car ce sera celui que j'aurai choisi. Tu lui
feras part de ce que ton coeur te dira, et obéis-lui, car il t'indiquera
un autre prêtre par ces mots: "C'est celui qu'il te faut pour ton cas."
Tu te rendras ensuite chez le Saint-Père, le Pasteur suprême
de la chrétienté, et tu lui remettras personnellement mon message.
Quelqu'un que Je t'indiquerai, te conduira chez le Pape. Parmi ceux qui
t'entendront raconter cette vision, il y en aura qui ne te croiront pas,
mais ne te laisse pas décourager... "
Puis, sereinement, après avoir montré sa maternelle bienveillance
et exprimé son regret de partir, la belle Dame fait demi-tour et,
lentement, avec son manteau vert, elle s'éloigne vers Saint-Pierre.
Bruno reste là un moment encore, figé dans l'extase...
Le regard miséricordieux de la Vierge s'était abaissé
sur sa misère pour devenir son guide, sa force et sa consolation.
Un théologien dominicain, le P. Cordovani, affirme que le titre de
"Vierge de la Révélation" n'est pas seulement nouveau et
merveilleux, mais aussi hautement théologique, car il confirme tous
les privilèges que l'Église a attribués à Marie
depuis des siècles en se fondant sur la Parole révélée.
Et d'autre part - c'est Bruno Cornacchiola qui le confirme '- la Très
Sainte Vierge Marie a été pour moi une éducatrice
insurpassable qui ne s'est pas contentée de m'installer dans une solide
culture catéchistique, mais m'a aidé également à
devenir son témoin.
Ce qui explique pourquoi Elle lui dit, après lui avoir souri doucement
en signe de salut:
"Tu me persécutes. Arrête maintenant! Entre dans le troupeau
élu, cour céleste sur la Terre. "
Ce fut donc, pour Bruno, l'indication de l'unique voie de salut, celle dont
il s'était écarté: l'Église catholique, apostolique,
romaine. Avec l'aide des ministres de cette institution authentique, voulue
par le Christ, sa confusion intérieure, de même que tout orgueil
et toute obstination devaient tomber et il devait commencer à marcher
résolument sur les chemins de la Vérité. Et, de même
que la lumière peut frapper une personne sans la blesser, ou la
rosée féconder la terre sans la labourer, cette exceptionnelle
apparition lui aura éclairé l'intellect et raffermi la
volonté tout en respectant absolument les traits de son propre
caractère. Son tempérament si explosif demeurera, mais en se
transformant en une fougue avec laquelle il défendra les valeurs de
la pastorale évangélique.
Pour achever sa transformation et parvenir à ce stade, il
reconnaîtra, avant tout, sa situation de péché, et il
s'adressera à Elle, l'Immaculée, qui a vu le terrible visage
du mal sur le corps ensanglanté de son Fils au Golgotha, pour obtenir
le pardon et la force pour l'avenir.
Voilà pourquoi la Vierge demande avec insistance à tous la
prière et invite à la récitation du Saint Rosaire.
"Qu'on prie beaucoup et qu'on récite le Rosaire quotidien pour la
conversion des pécheurs, des incrédules et pour l'unité
des chrétiens. Les Ave Maria que vous dites avec foi et amour sont
autant de flèches d'or qui rejoignent le Coeur de Jésus. "
Le Mère de l'Église, espérance et espoir de salut pour
le monde entier recommande donc des intentions particulières pour
lesquelles il faut prier: la conversion des pécheurs et des incroyants,
l'unité des chrétiens. Il est vrai que toute prière
va au Christ, unique Médiateur, mais Marie est fontaine de grâce,
parce qu'Elle est la Mère de la grâce divine. Quand un enfant
veut embrasser son père, celui-ci peut s'incliner vers lui et le prendre
dans ses bras, mais si l'enfant demande à la maman de le soulever
jusqu'à la face de son père, l'affection de l'enfant pour son
père n'en est pas diminuée pour autant.
Lorsque nous sommes devant Notre-Dame, nous sommes comme des petits auprès
de leur mère, et en la priant, nous lui demandons de nous aider à
nous approcher de Jésus. Puisque la prière est, dit-on, une
arme qui assure toujours la victoire, pourquoi donc ne prierait-on pas pour
tous ceux qui sont affligés d'une infirmité spirituelle et
pour les frères séparés, afin que l'on arrive un jour
à cette unité tant désirée dans une seule et
même Église ?
Et voici que, comme récompense pour ceux qui écouteront son
message maternel, la Vierge promet des faveurs célestes :
"Avec cette terre de péché, j'opérerai de prodigieux
miracles pour la conversion des incroyants. "
De même qu'à l'approche des eaux de la piscine de Lourdes, ainsi,
au toucher de cette terre, qui a été sanctifiée par
la présence de la Mère de Dieu, se produisent des prodiges
physiques et moraux. Mais les plus grands miracles qui ont lieu ici, sont
d'ordre spirituel:
"S'il nous était donné, dit le cardinal Gerlier, de fixer sur
le papier une partie seulement des sentiments et des résolutions
spirituelles que la Sainte Vierge a fait exprimer aux milliers de coeurs
qui, en ces quelques années, ont palpité devant la grille de
la Grotte du Miracle, nous aurions le mérite d'avoir écrit
de belles pages à la gloire de la Mère de Dieu. Mais il est
tout aussi bon que les secrets de la grâce restent cachés,
enveloppés bien jalousement du silence le plus respectueux."
Dans sa bonté Elle veut aussi révéler son Fils dans
les mystères de sa vie intime, liée à l'Auguste
Trinité:
"Mon corps ne pouvait se décomposer et il ne se décomposa pas.
Mon Fils et les anges sont venus me prendre au moment de mon trépas.
"
Aux Trois Fontaines donc, Notre-Dame fait savourer
à l'avance au fils prodigue un message consolant, devançant
la promulgation du dogme de son Assomption. Et tandis que le Pape Pie IX
reçut de la Grotte de Massabielle, quatre ans après sa
proclamation, la plus haute confirmation du dogme de l'Immaculée
Conception, c'est quatre ans avant sa définition que le dogme de
l'Assomption fut confirmé par la Vierge elle-même à un
tramelot romain.
Le corps et l'âme revêtus simultanément de gloire, c'est
une plénitude de perfection qu'aucun élu n'a connue sinon Marie.
L'âme sans le corps n'est pas complète dans sa nature humaine.
L'élément qui permet à l'être humain d'avoir des
rapports normaux avec le monde cosmique et avec les autres êtres humains,
c'est le corps.
Par son corps glorieux, Marie, en personne et directement. est apte à
se mettre en contact avec nous et avec le monde. D'où ses fréquentes
apparitions et ses nombreuses interventions miraculeuses, extraordinaires
certes, mais n'exigeant pas toujours, nécessairement, l'intervention
de la puissance créatrice de Dieu pour les réaliser.
En fonction de cette capacité de présence physique, nous
reconnaissons que la Vierge est plus proche de nous et qu'en la priant, nous
retrouverons aussi en Elle la véracité de ce qu'affirmait Bruno
Cornacchiola:
"Qui trouve Marie, trouve Jésus: la Voie, la Vérité,
la Vie. Il trouve la vie et la grâce dans l'Église du Salut,
le Corps Mystique du Christ, et y trouve aussi la Mère de l'Église."